Description
« Il y a mille et une manières de danser, mille et une manières de jouer la musique à danser… ». C’est ce que proclame SHILLELAGH sur son site internet.
Je suis d’accord avec eux… Pourtant j’ai longtemps cru qu’il n’y avait qu’une vérité dans ce domaine. L’accordéon devait être chromatique, la musique flamande et les accords majeurs ou mineurs, point !
L’âge venant et la maturité avec, je dois bien constater aujourd’hui que ceux qui m’appellent encore parfois affectueusement « Papa » s’aventurent avec gourmandise sur des pistes et des chemins musicaux sur lesquels je tarde encore à me risquer.
La musique à danser qu’ils cuisinent relève à la fois de la simplicité gourmande de la tradition et de la complexité d’un plat élaboré. On ne se rend pas toujours compte, mais l’on est toujours séduit par le goût. Avec gourmandise on reprendra une petite mazurka après avoir pris deux entrées et un plat principal. Chaque ingrédient semble pesé, pensé, choisi pour faire plaisir à celui qui profitera de la cuisine de Shillelagh.
Nourris d’une solide formation musicale, attentifs aux apports de chacun, ils ont construit au fil du temps le « son Shillelagh » et la « manière Shillelagh ». On reconnaît aujourd’hui les coups d’archet de Gabriel, le soufflet de Benjamin et le DADGAD d’Aurélien.
Je suis toujours étonné de ce qu’ils font et fabriquent à partir d’une matière première musicale comme par exemple cette emblématique scottish de notre répertoire commun (La Saint Julien) ou une contredanse comme « La Gavre » dont on peut penser avoir exploré toutes les ressources.
Mais attention, on ne fait pas n’importe quoi ! La musique à danser est une école d’humilité… Pour que la mayonnaise prenne avec les danseurs il faut doser le tempo, le groove global, la durée de cuisson mais il faut aussi soigner la sauce et les épices.
Ce nouveau CD permet de pouvoir reprendre sans modération une louche de la musique de Shillelagh. Ce n’est pas pour me déplaire. D’ailleurs, je vais en profiter pour réécouter « Germaine » avant d’aller faire une « danse sur l’eau »…
On attribue à Paul GAUGUIN cette citation «Cuisiner suppose une tête légère, un esprit généreux et un cœur large. » En fait, je trouve que ça colle bien à Shillelagh !
Patrice HEUGUEBART
Juin 2013
Shillelagh « Le Vagabond »
La couverture de l’album nous montre que la composition de ce groupe presque déjà historique n’a pas changé depuis les deux CDs précédents : toujours Benjamin Macke au diato, entouré des cordes du violon de Gabriel Lenoir et de celles d’Aurélien Tanghe à la guitare. Il est donc d’autant plus surprenant d’entendre le son d’une cornemuse à l’avant dernière plage… Et oui, l’album a été enregistré en bal (1) et avec leurs voisins de Smitlap en invités. C’est donc Laurent Mieze, excellent cornemuseux injustement peu connu, que l’on peut entendre sur cette scottisch (2). Mais le hasard a voulu que j’écoute cette plage en premier ce qui m’a d’autant plus surpris, alors que j’aurai du débuter en plage 1 par une contredanse flamande dont, hasard des parutions, la partition figure dans l’ouvrage d’Hubert Boone sur la cornemuse en Belgique qui vient juste de sortir. Si l’air est tiré d’un recueil fin XVIIIème, l’interprétation est très cercle circassien fin XXème et c’est loin d’être ma plage préférée donc, comme d’habitude, ne vous fiez pas à la plage 1 pour vous faire une opinion sur un CD… Le répertoire emprunte d’autres titres à des recueils plus ou moins anciens, à un collectage d’H. Boone (encore lui…), mais également à des compositions plus actuelles : deux de Gabriel, une de Benjamin et les autres de divers autres musiciens, de Jon Swayne à Manu Paris en passant par Y Guilcher, pour s’achever sur une belle valse de Wim Poesen qui ne vous sera sans doute pas inconnue (3)… Les danseurs auront à leur menu danses de couples, une bourrée de chaque (2t. et 3t.), rond d’Argenton et diverses danses collectives.
Je ne vous ai encore rien dit de l’interprétation, mais est-ce encore nécessaire de préciser que ces trois lascars savent faire swinguer toutes ces mélodies à danser sans pour autant forcer les tempos (4), qu’ils savent parfaitement se passer le relai afin de relancer l’attention et qu’ils possèdent ainsi bien d’autres ficelles du métier de musicien de bal ?
(1) Nos musiciens deviennent des habitués de cela, d’autant qu’Aurélien est l’un des deux responsables de la prise de son… On n’est visiblement jamais mieux servi que par soi-même car le résultat est très bon, à tel point que l’on entend guère le public que dans son enthousiasme de la première plage…
(2) il y a, sur la pochette, une petite erreur sur le numéro de plage à laquelle participe Smitlap. Notons également que, hormis la cornemuse, le reste du groupe est mixé un peu en retrait..
(3) merci à Google, Youtube et autres qui me confirment que cette mélodie est déjà un vrai standard et qu’on a déjà pu l’entendre entre autre sur l’album de Hopland dont je vous avais entretenu, enregistrée également par Amuséon (là je n’ai pas encore eu l’occasion de l’écouter) et il y a même une page qui liste, de manière incomplète puique Hopland n’y figure pas encore et à plus forte raison le présent album, les CD et receuils où elle figure (http://users.skynet.be/leo.rutten/papaver/walsvoorpolle-en.html ) Il faut dire que c’est le type même de l’air que vous avez envie de jouer lorsque vous avez fini de l’écouter, surtout fort bien placé, comme ici, en dernière plage…
(4) si vous préférez « tempi » tant pis…
Par Jean Luc Matte
Avec Gabriel Lenoir : violon
Benjamin Macke : accordéons diatoniques
Aurélien Tanghe : Guitarre
et l’extraordinaire gourpe des flandres française : Smitlap (plage 12)
Photos : Charlotte Samyn
Conception Graphique : Fréderic Rau
Enregistré : les 30 Novembre, 1er et 2 Décembre 2012 à Bollezeele (59)
Prise de son : Aurélien Tanghe & Nicolas Panek